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19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 15:21

Cet article fait suite à la première partie publiée le lundi 17 octobre 2011, Entretien avec Damien Bruté de Rémur (1ère partie).

Comment les entreprises françaises, les Français peuvent-ils mieux utiliser le lobbying ?

D’une manière ou d’une autre, ma conviction absolue est que le lobbying est un métier et qu’il ne peut être intégré dans une gouvernance. C’est forcément une prestation de service. En fin de compte, il y a une information à faire circuler auprès des entreprises et des dirigeants ; c’est que s’ils veulent que leurs dossiers aient des chances de passer, ils doivent s’adresser à des professionnels du lobbying. Le professionnel sera facile à contacter dès lors qu’il existe un annuaire, dès lors que le dirigeant peut avoir une relation dans sa Chambre ou dans son réseau personnel  qui lui permette d’entrer en relation avec ce professionnel.

 

A mon avis, pour un chef d’entreprise, faire de l’Intelligence économique, c’est être capable d’identifier le bon lobbyiste. Parce qu’en fin de compte, il sait gérer ses réseaux. Il a des contacts professionnels qui ne sont pas dans sa spécialité, qui ne sont pas dans son champ de compétences mais à a  qui il sait qu’il peut faire appel. Au fond, faire de l’Intelligence économique en réseau, et ça ne peut se faire qu’en réseau, c’est savoir à tout moment qu’on peut faire appel à la bonne personne ressource là où l’on n’est pas soi même compétent, là ou l’on manque de temps ou de moyens. Si on développe l’Intelligence économique en France, ça va se faire ! C’est entrain de se faire ! Forcément, il y a un marché pour les lobbyistes !  Et dans ce cadre là, peut-être que le cabinet de lobbying pourrait être animateur ou promoteur de la formation à l’Intelligence économique.

En quoi consisterait une politique publique de lobbying pour la France aujourd’hui ?

Il existe une délégation interministérielle à l’Intelligence économique : c’est un pachyderme.  Elle est trop volumineuse et du coup, comme dans toute administration, il faut d’abord que le système s’autoalimente, s’auto construise, s’auto entretienne, il assure sa survie mais risque de rester peu ouvert sur l’extérieur. Les personnes ne sont pas à mettre en cause. Mais au fond il demeure un fonctionnement dans notre culture qui, à mon avis, est négatif pour la France. Il consiste à dire : « Créons nos structures, assurons leur existence, leur subsistance, etc. Et après on verra ! ». J’ai le sentiment  d’une relative incapacité de la culture française à développer une véritable politique de lobbying. On le voit avec les Jeux Olympiques d’Annecy, on a eu seulement 7 voix contre 63 aux Coréens. Même constat pour les Jeux olympiques 2012 où le projet de la ville de Londres a été choisi contre Paris. Nous sommes des  enfants de cœur par rapport à la culture anglo-saxonne, de manière générale. Ils sont beaucoup plus pragmatiques et nous, en France, nous avons du mal parce que, encore une fois, cela touche à notre culture. C’est une sorte d’atteinte à un certain nombre de principes qui sont de type culturel, tels que la neutralité, la non-intervention, la transparence, l’égalité des chances, etc., toutes choses fort bonnes sur le plan du principe mais, dans le monde que l’on connait aujourd’hui, c’est totalement utopique. Alors on peut continuer à avoir de beaux principes, des bons principes dans l’utopie, mais quand en même temps on veut être efficace, c’est incompatible.  Il faut savoir de temps en temps, mettre son drapeau dans sa poche et aller faire de l’adaptation culturelle… 

 Quels seraient les dossiers prioritaires dans le domaine aujourd’hui ?

Il existe une politique industrielle qui commence à voir le jour en France avec le Grand Emprunt. Il est qualifié de Grand Emprunt mais devrait plutôt être qualifié de Grand Investissement national, parce que même si l’Etat emprunte pour financer, en fin de compte, c’est la nation qui investit. Mais on voit la lourdeur du système aussi. Je connais des cas ; par exemple : une entreprise qui avait vraiment tout pour combattre et qui était sous risque de rachat par la Chine. Cette entreprise représente un certain intérêt stratégique par les technologies qu’elle développe, de par l’emploi qu’elle représente au plan national. Même si le rachat par la Chine n’est pas forcément destructeur d’emplois, mais quelquefois conservateur d’emplois, ils n’ont pas trouvé d’appuis, parce qu’il y avait en France, quelque chose du côté de la Caisse des dépôts qui ne passait pas bien à cause d’une rivalité entre la BNP et la Caisse des dépôts sur ce dossier. Ce qui a fait échouer le dossier qui n’a pas eu de financement et, du coup, il y a eu rachat par la Chine. On voit très bien ce qui s’est passé pour Gemplus, même si c’est un cas d’école. Mais il apparaît clairement un manque de lobbying. Liberté du marché, d’accord. Mais si c’est un intérêt stratégique national, il faut y aller. La carte à puces c’était évidemment un intérêt stratégique national. Inscrite dans les vingt priorités américaines et c’est pour cette raison que l’entreprise est devenue américaine. Je pense que, dans la mission d’Alain Juillet qui consistait à  identifier les technologies stratégiques, les industries stratégiques, etc. et sur lesquelles on devait  avoir une réaction de défense économique, souvent, la meilleure défense c’est l’attaque. Je vois que là on a beaucoup de mal. Les régions font un peu leur bilan, on identifie, etc. Mais au fond, on fait beaucoup de rapports, beaucoup de papier et nous sommes très lourds dans l’action. Est-ce qu’on peut alléger l’administration française ? Je pense que la question se résume à ça. Avoir une vraie politique de lobbying en France, cela signifie avoir une administration souple. Lorsque l’on dit à un fonctionnaire : « ce dossier est prioritaire parce que ça met en jeu des intérêts », il faut qu’il pense que c’est prioritaire avant de penser qu’il y a un problème administratif à régler. Une politique publique ne peut qu’aider au développement et à la mise en place d’une culture favorable au lobbying à condition que l’Etat arrive lui même à faire du vrai lobbying. Le lobbying national, gouvernemental, on sait faire. Christine Lagarde est arrivée au FMI par une action de lobbying française. Il existe aussi une tradition parce que les directeurs de FMI français se succèdent quasiment les uns aux autres, donc c’est du vrai lobbying. Mais on se situe sur des secteurs extrêmement précis. Sarkozy va faire son show en Chine de temps en temps et ça a de l’effet. On va vendre quelques Airbus mais les contrats sont préparés depuis un an. On annonce la signature au moment du voyage, classique. La communication fait aussi partie du jeu. Mais est-ce vraiment du lobbying au sens profond, terrain, comme le font les Anglais ? Je crois qu’il y a un véritable écart. Il y a donc une véritable culture à dispenser, à développer en France sur le sujet. Peut-être faudrait-il enseigner le lobbying au lycée et par la suite, déculpabiliser le lobbying. Peut-être pourrait-ce être ça une politique française du lobbying : une déculpabilisation du lobbying.

 

Changer le nom par « représentation d’intérêt » ?      

Peut-être si on met un nom français, oui. Mais le mot « influence » va être très mal vu, « représentation d’intérêt » oui, mais c’est tellement froid. De toute manière, les cabinets de lobbying ne se présentent pas comme lobbyistes. Quelquefois, quand ils sont décomplexés. En France, peu portent le nom.

 

Les lobbyistes assument pleinement cette dénomination à Bruxelles...

Les deux connotations négatives de l’Intelligence économique en France, c’est ; premièrement « espionnage » ; deuxièmement « lobbying ». Espionnage on comprend. On peut lutter contre mais l‘image a du mal à décoller. Par contre pour le « lobbying », là on est vraiment dans un problème culturel. Est-ce qu’on peut imaginer qu’un jour la France crée une politique en faveur du lobbying, pour le développement du lobbying en France ? Je crois pour ma part que ça passe par les corps, par les réseaux des Chambres, etc. Ca passe par les réseaux. Je ne pense pas que cela puisse être une politique. C’est un sujet de réflexion sur lequel il faudrait réfléchir davantage.  Je vois davantage ceci à travers les collectivités locales peut-être, à travers les réseaux des Chambres consulaires ou les avocats même. Les avocats peuvent être de très bons lobbyistes. On pourrait demander, pour être lobbyiste, d’être inscrit à l’ordre, au barreau. Ce pourrait être une condition.

C’est ce qu’évoquent des lobbyistes avocats à Bruxelles…

Ce n’est pas étonnant ! Parce qu’en fin de compte, l’avantage d’un lobbyer, c’est qu’il va gérer le dossier de manière à prévenir un certain nombre de dysfonctionnements postérieurs. Un bon avocat lobbyiste va dire : « Ecoutez votre dossier, voilà, il faut modifier ceci ou cela parce que là dessus s’il y a un problème, vous pouvez être repris, etc. » Il existe toute une manière juridique de gérer les relations et les contrats, d’une manière intelligente au sens fort du terme y compris économique et là je pense qu’effectivement un bon avocat peut-être un bon lobbyiste. Est-ce qu’on doit obliger les lobbyistes à  devenir avocat ? Je pense que ce sera très difficile à court terme. 

A long terme aussi. Une évolution se dessine dans laquelle on constate que deviennent lobbyistes de nombreux anciens attachés parlementaires ou fonctionnaires de la Commission.

Tout comme dans les cabinets d’Intelligence économique où l’on rencontre d’anciens agents de renseignements, d’anciens gendarmes.

 

Cet entretien a été réalisé avec M. Damien Bruté de Rémur, enseignant-chercheur, le vendredi 8 juillet 2011 à l’Université de Montpellier I.

Thierry Hau

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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 16:59

BRUXELLES - Le Parlement européen a promis lundi de mener une enquête détaillée sur les accusations de corruption pesant sur trois de ses élus, dont deux ont démissionné, et de réfléchir à des "implications plus larges pour l'institution" et son fonctionnement...(Lire la suite dans Romandie News)

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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 19:50
L'affaire a été révélée par le journal britannique le Sunday Times.

Trois parlementaires auraient accepté d’amender des textes en discussion au Parlement européen contre de l’argent. Ils auraient été piégés par des journalistes britanniques du Sunday Times, qui a révélé cette affaire, dimanche 20 mars...(lire la suite dans euractiv.fr

 
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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 09:20
« En face de nous, beaucoup d’incompréhension »

Le bâtiment est très officiel et froid. Il accueille une centaine de personnes : diplomates, chercheurs, universitaires. C’est la mission diplomatique chinoise à Bruxelles, la voix de la Chine auprès de l’Union Européenne...(Lire la suite dans http://www.eurosduvillage.eu/Comment-la-Chine-s-attaque-a,4562.html)

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 17:30

Le lobbying, qui s'impose petit à petit en entreprise, n'y a pas encore gagné ses lettres de noblesse. Seuls 17% des sociétés déclarent avoir une équipe ad hoc... (lire la suite dans lesechos.fr)

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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 10:00

« En 2008, les autorités italiennes avaient pour projet de relever le taux de TVA sur la télévision à la demande de 10 à 20%. Au delà des protestations sous forme classique de la part des opérateurs concernés, des citoyens et des consommateurs individuels ont déclenché un mouvement de protestation sur des blogs et des groupes Facebook. De la sorte, il ont amplifié la voix de la contestation ». link

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1 décembre 2010 3 01 /12 /décembre /2010 16:11

La représentation de Midi-Pyrénées à Bruxelles a pour objectif de défendre au mieux les intérêts de la région, de six départements sur huit et du Grand Toulouse.link

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