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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 17:21

numérisation0001-copie-1 " Il n'est guère plus de secteurs de notre vie quotidienne qui ne soient, au moins en partie, régis par les directives de la bureaucratie bruxelloise. Mais comment sont prises ces décisions ?

Au modèle administratif rigide et souvent autiste hérité de l'influence française au début de la construction européenne, sont venues s'ajouter les méthodes manipulatoires du lobbying à l'anglo-saxonne. Les grands groupes économiques et industriels ont désormais pignon sur rue dans la capitale de l'Union européenne et leurs avocats, leurs agents, savent, à chaque étape de la rédaction des directives, faire modifier, par des informations biaisées, les arbitrages dans le sens de leurs intérêts particuliers. A cet égard, force est de constater - et l'auteur en offre des exemples aussi savoureux qu'affligeants - que les Français se laissent régulièrement "rouler dans la farine".

A l'heure où, dans plusieurs pays fondateurs de l'Union, les opinions marquent de plus en plus leur méfiance, cette plongée indiscrète et informée au sein du microcosme bruxellois nous donne à comprendre les dérives d'un système qui semble échapper à tout véritable contrôle démocratique."

 

Divisé en quatre grandes parties, le livre fait apparaître une vision du lobbying bruxellois extrèmement négative, voire catastrophiste dans ses implications envers la démocratie. Hormis le fait que le portrait exposé du lobbying bruxellois est accablant, il rebondit sur la mise en exergue d' une politique de lobbying et d'influence mondialiste qui n'est pas sans inquiéter le lecteur que je suis. Il y a là une prise de conscience des différentes étapes, à travers les quatre grandes parties, entrant dans une logique de contrôle du pouvoir mondial à la limite du mafieux. Ces étapes, comme une gradation, forment les quatre chapitres du livre.

  

Le chapitre I porte sur les acteurs du lobbying à Bruxelles. Les préalables à la compréhension de la mission du lobbyiste bruxellois sont bien formalisés. Je retiendrai plus particulièrement la stratégie du lobbyiste variant selon qu'il veut faire pression sur la Commission, sur le Parlement européeen ou sur le Conseil. De belles explications nous sont données à travers des images simples telle celle qui est faite de la Commission, de ses différents étages dans lesquels les lobbyistes peuvent s'introduire afin d'agir. Je regrette toutefois un vocabulaire quelquefois outrancier grâce auquel l'auteur semble vouloir nous faire croire que les seuls "méchants" dans l'affaire sont les lobbyistes... 

Le chapitre 2 décrit la manière de traiter du lobbying au niveau de notre nation pour l'essentiel. Ce chapitre me semble superflu et sans grand lien avec le titre de l'ouvrage. Intitulé "LES OFFICINES", cette partie nous montre un lobbying exécuté au niveau national auprès des sénateurs, parlementaires, diplomates et journalistes. Il se termine par un catalogue de personnalités politiques ou de l'entreprise ayant rejoint la discipline. Encore une fois, ce sont encore eux les "méchants" qui informent et désinforment et abusent du pouvoir. Les politiques, eux, apparaissent comme les dindons de la farce et d'une faiblesse telle que, quelque soit l'intiative qu'ils pourraient prendre pour reprendre la main, celle-ci sera vouée à l'échec ! 

Le chapitre 3 aborde un aspect qui m'était inconnu à ce jour. Nous rejoignons là quasiment la "Théorie du complot". Y sont développés les moyens et procédés d' organes suprêmes visant rien moins qu' à une "gouvernance" mondiale opérée par les plus grands dirigeants du capitalisme mondial !

Le chapitre 4, quant à lui, traite d'un aspect idéologique du lobbying. Il aborde, en plusieurs parties, les différents groupes de pression "religieux". Je met "religieux" entre guillemets puisqu'il est fait mention aussi bien de la scientologie que du Vatican. Mais il traite aussi des think tanks (réservoirs à idées), importés des Etats- Unis  et dont les grands gourous sont des néoconservateurs bien connus pour leurs actions en faveur de l'intervention américaine en Irak...

 

Le livre n'est pas un ouvrage technique. Il donne un contenu très orienté "anti-lobbyiste" mais qui souffre, à mon goût, d'une approche partiale du phénomène car il ne traite que de l'aspect négatif du lobbyiste. L'actualité récente au Parlement européen nous montre que les "méchants" ne sont pas toujours ceux que l'on croit mais plutôt que le ver est dans le fruit...

Cette façon de traiter le sujet m' apparait toutefois particulièrement intéressante dans le sens où elle est choquante de par son approche anecdotique du lobbying tant dans la vision européene que mondialiste.

  

L' auteur : 

Bernard Lecherbonnier, professeur à l'Université de Paris-XIII et directeur de recherches, brosse un portrait accablant des pratiques fort peu démocratiques qui ont cours dans les couloirs de la Commission et du Parlement européens.

 

Editions Albin Michel, 2007

  

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